CPGEsuicides

Je me serais bien suicidée, mais j'avais pas le temps.

Dimanche 29 août 2010 à 18:07

En un sens, la prépa m’a ouvert de nouveaux horizons.

Auparavant, je renâclais à l’idée d’ouvrir un livre, pourrie par les lectures forcées de français. Je renâclais à l’idée d’aller voir des expositions, que je jugeais sans intérêt immédiat. Je n’allais pas au cinéma, souvent déçue par mes maigres sorties. La musique tournait en vain sur mon iPod sans parvenir à réellement me toucher.

 

La prépa m’a fait céder. La prépa m’a pulvérisée. Mais dans le bon sens. Une pulvérisation miracle, si l’on peut dire.

A force d’avaler des chiffres et des pages de citations rebutantes, ma cervelle m’a crié « STOP ». J’ai pris mes jambes et j’ai marché. J’ai dévalisé la Fnac. J’ai lu des daubes (ça m’a fait du bien), des bouquins forts, purs (ça m’a fait pleurer). Bref, ça m’a fait autre chose que de me faire chier.

J’ai rejoint ma mère à Sanary, j’ai repéré une exposition d’art contemporain à Nice (2 heures de route à l’aller), j’ai pris ma voiture et j’ai foncé, seule. Et bordel, j’ai kiffé ma race ! Pardon, j’ai été séduite par toutes ces belles choses qu’on étalait sur mon passage. J’ai appris à connaître Niki de Saint-Phalle, me suis extasiée devant les procédés de Wim Delvoye, je suis tombée amoureuse de Klein, son bleu et ses corps de femmes imprimés à même la toile. J’ai rêvé et philosophé pour moi-même, sans devoir appliquer, rattacher ce que j’avais vu et ressenti à un quelconque concept appris et mâchouillé. Et ça m’a fait du bien.

J’ai voulu passer ma vie dans une salle de cinéma, j’ai vu et revu Soul Kitchen. J’ai vu presque tout ce que j’avais le temps et les moyens de voir. J’ai pas mal téléchargé aussi. J’ai dévalisé le rayon « DVD à 5 euros » du Planète Saturne le plus proche. Chabrol a remis ma vie en question, Wes Anderson m’a consolé, le corps de Benoît Magimel m’a fait rêver. J’en ai pris plein les yeux. Et ça m’a fait du bien.

J’ai passé ma vie sur Deezer et iTunes pour dénicher les perles rares, comme the XX. Je les ai écouté en boucle, je les écoute encore. Et ça me fait du bien.

 

En un sens, je me suis trompée sans me tromper. La prépa a ouvert mes petits yeux bien fermés. Je ne suis pas faite pour ça. Je veux vibrer.

Dimanche 29 août 2010 à 18:06


Franchement, s'il existait un thermomètre de l'optimisme, et qu'on me le collait dans le troufion/sous le bras/dans la bouche (raye les mentions inutiles en fonction de ta sensibilité) là maintenant tout de suite, je ferais péter le score. Ce qui avouons le, n'est pas particulièrement un de mes traits principaux. Mon humour, enfin ma méthode pour survivre en toute situation, c'est plutôt l'humour pessimiste/grinçant tu vois?

 

Sauf que là, j'ai carrément des bonnes raisons pour m'autoriser à être un peu niaise et stupide sur les bords:


-Déjà, on l'aura compris, à la rentrée, la prépa c'est fini pour moi. Pas que ça ai été la pire période de ma vie, mais un problème avec la prépa, c'est que tu dois bosser et te remettre en question sans cesse, et ce, sans avoir le moindre morceaux de la queue d'une idée de ce que tu vas en faire. On devrait pas appeler ça CPGE (Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles), mais CPCGE, Classes Préparatoires aux Concours des Grandes Ecoles. La principale différence avec la fac ou tout autre formation, c'est ça: la dose de boulot que tu investis ne te garantis pas d'en ressortir avec quelque chose de tangible. Ou du moins c'est comme ça que tu le ressens sur le moment. Tu as l'impression, et tout le monde s'arrange pour que tu ne penses pas autre chose, que ta vie se joue à chaque colle, à chaque contrôle. Tu stresses, tu psychoques quoi. La chose n'est pas insurmontable (n'en suis-je pas la preuve indubitable?), le tout est de décompresser régulièrement et de te dire que non, tu ne finiras pas SDF si t'as un 3 en anglais. Toujours est-il qu'une fois que c'est fini, le jour où t'as un truc, une "vrai" orientation, un truc bien concret avec des débouchés, une fois que tu as la sublime sensation d'être casée, excuse moi l'expression, mais ça fait du bien par où ça passe. Je suis admise à Science Po Strasbourg, la raison pour laquelle j'ai fait une prépa, j'ai réussi. Donc, je n'ai pas (l'absurde) certitude d'être nulle (désolée pour les utopistes, mais c'est ce que certains ressentent après une année ou deux de ce genre), et comme je l'ai dit, je suis casée. Dans un truc qui me fait saliver d'avance (malgré ce qu'on nous a répété pendant un an sur cette filière, genre "Sciences Po= déchéance"). Ça roule de ce côté là.


-Je suis toujours à Strasbourg, une ville dont je suis tombée amoureuse le jour où je suis allée visiter mon appartement. C'était la première fois que je l'envisageais comme ma nouvelle maison. Le cadre de ma nouvelle vie, de ma liberté. Strasbourg et ses gens accueillants, Strasbourg et l'ambiance particulière que lui confère la concentration des organisations internationales, des étudiants et des différentes communautés, Strasbourg et son climat pré-continental, les orages en été et les pavés qui gèlent en hiver. Aujourd'hui j'y suis retournée après plus d'un mois et demi d'absence, et j'ai failli pleurer de joie. Je sais que ça peut paraître bête, mais cette ville est pour moi une porte ouverte sur mon futur. Je garde l'appartement que j'ai mis tant de temps à trouver, où je me sens si bien. Rien que pour cette dose de confort, je pourrais être (un peu) heureuse.


-Aujourd'hui j'ai signé pour le job étudiants de mes rêves. D'une, je bosse pour l'université de Strasbourg (ce qui est quand même le pied pour mes cours). De deux, je vais faire un boulot qui s'apparente à du triage (je sais toi ça te paraît pas transcendant, mais faire des piles de 50 fly, ça me paraît l'extase. Visualise un boulot où tu fais quelque chose de propre, un truc qui s'approche d'un genre de perfection crétine, où ton cerveau joue un rôle mineur). De trois, ce que je vais répandre sur la ville, ce sont des expositions et des événements culturels. Le tout en gagnant de la thunes.

 

En conclusion, j'aime la vie. 

Mardi 24 août 2010 à 16:48

Cher lecteur,

Sois le bienvenue sur ce blog! Notre projet est simple: rassembler les points de vue de quatre anciennes étudiantes en première année de CPGE (la prépa quoi, youhou), ayant chacune prise un chemin différent à la suite de ces dix mois de tortu...euh bonheur. Jusque là, tu détiens tous les éléments pour fonder le pire blog du web, le genre où on "s'éclaterait" à mettre en scène le procès de la Princesse de Clèves (ils ont des activités funky à l'ENS), sauf que nous cher lecteur, nous avons survécu grâce à une relative tendance à dire (mentalement restons réalistes) merde à un système, qui s'il forme une élite, peut être d'un élitisme franchement puant. Et accessoirement, nous ne sommes pas normales.

 Elenath:
J'ai pas mal cogité sur le petit nom que je voulais me voir attribuée sur ce blog, genre "lagouine", "lalanguedepute" ou...? Mais finalement, non. :) A ce stade, si t'es pas un crétin dégénéré, t'as compris que je suis pas franchement hétéro (un jour où l'autre il me faudra faire un article sur ce que tu peux exactement mettre derrière ça), et puis que j'adore dire un peu de mal (juste un petit peu) des gens et des choses. Sinon, tu peux aussi retenir que j'ai fais une Hypokhâgne B/L (un truc littéraire avec des maths et de l'éco), filière que je lâche pour entrer en première année à Science Po (pas Paris, faut pas trop rêver petit lecteur). Et puis que j'adore beaucoup de choses, beaucoup trop, parmi lesquelles le chocolat bien sûr, et aussi lire, tout autant que la musique. Que des choses transcendantes d'originalité vues comme ça, n'est ce pas?

Tonie:
Tonie, ça pourrait très bien être un pseudo de garçon, mais en fait non. Ce sera le mien. Je tiens à préciser que ce n'est certainement pas en l'honneur de Tony Parker. (Manquerait plus que ça, tiens...!)
De mon côté, je suis en totale déperdition. Je ne saurais donc pas très bien me décrire. Je suis uniquement sûre de ce dont je ne suis pas sûre. On va donc commencer par là. (Si tu veux en savoir plus, attends donc que je ponde quelques articles, parmi les merveilleux autres articles, de mes merveilleuses co-bloggeuses. Mode flatterie activé! :)
Je ne suis pas sûre de m'orienter dans la bonne filière, à savoir une école hôtelière (ou LEA si j'échoue au concours d'entrée... à suivre.)
Je ne suis pas sûre de m'aimer.
Je ne suis pas sûre du sort que je reserve à ma famille: les rendre fière et fermer ma gueule ou tout leur envoyer dans la figure.
Je ne suis pas sûre d'être déjà tombée amoureuse de quelqu'un.
Enfin, je ne suis pas sûre d'être straight.
Un truc dont je suis sûre quand même: la prépa n'était pas faite pour moi. On retiendra que j'ai passé un an à Ampère en ECE et que je me suis sauvée en courant.
A la prochaine.




Bon maintenant, tu peux décider de partir en courant, ce que nous comprendrions, ou alors tu peux tenter l'expérience, petit fou!

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